MESVES, MASAVA ou MASSAVA Si quelques traces de la présence de Homo Erectus, Homo Néandertalensis et Homo Sapiens ont été relevées dans la vallée du Nohain, il est difficile d'identifier les premiers occupants du site de Mesves sur Loire. Néanmoins, des recherches archéologiques conduites par M. Octobon ont mis à jour un tumulus à La Bonneterie, sur la commune de Vielmanay. Cette sépulture a livré les restes d'une centaine de corps ensevelis avec leurs bijoux de bronze et de fer. La première trace humaine à Mesves sur Loire est une coupe campanienne , en bronze et datée du II° ou III° siècle avant Jésus Christ. Elle est conservée au Musée de la civilisation Gallo-Romaine de Lyon. La seconde trace ancienne de notre commune nous apporte plusieurs éléments intéressants sur l'importance du site dans l'empire romain. En effet, Masava figure sur la Table de Peutinger et nous allons voir pourquoi notre commune était digne d'intérêt au IV° siècle après Jésus Christ... LA TABLE DE PEUTINGER ET LES VOIES ROMAINES La Table de Peutinger ou Table Théodosienne est une longue bande de parchemin de 6,82 m sur 0,34 m, elle est conservée à la Bibliothèque Nationale de Vienne en Autriche.Elle ne respecte pas la forme du continent indo-européen ni l'échelle. On la compare plutôt à nos plans de lignes de métro car elle indique les villes importantes et les stations essentielles les séparant. Les cités, les thermes, les fleuves et les chaînes de montagnes sont représentés par des symboles et les distances entre les villes étapes sont considérées comme exactes. Le parchemin, découvert en 1494, fut copié par des moines au XIII° siècle sur un document antique daté de 350 après Jésus Christ. Il est légué à Konrad Peutinger, humaniste autrichien qui souhaitait le publier. La publication ne sera effective qu'en 1753. Le premier feuillet a été égaré et reconstitué. Le copiste mentionne Mesves sous le nom de Massava, une autre découverte nous indique que l'orthographe exacte est Masava... Le site est alors un important carrefour car un gué permet de franchir la Loire entre l'actuel Château de Mouron et Herry, permettant aux armées ou aux commerçants de prendre les directions de Bourges et Tours. La Rue de la Gare était l'ancienne voie romaine conduisant à Vézelay et la Rue des Écoles menait à Auxerre. La voie de Nevers partait de l'actuelle entreprise Merlot et reliait Charrans, Les Aillots, Pougues jusqu'à notre préfecture. Enfin, un dernier axe de circulation longeait la Loire jusqu'à Orléans. UN AXE STRATEGIQUE A L'EPOQUE CAROLINGIENNE En 761, Pépin le Bref traverse le gué à la tête de son armée pour s'en aller combattre Waïfre duc d'Aquitaine et de Vasconie. La Loire est alors la frontière entre le royaume des Francs et les terres situées au sud. Waïfre s'est allié au demi-frère de Pépin le Bref et se rebelle quasiment tous les ans ! L'armée carolingienne traversera donc notre région jusqu'en 768 date à laquelle le duc d'Aquitaine et de Vasconie est assassiné par un des siens sur ordre du roi Franc. Il semblerait que Charles Quint ait lui aussi franchi ce gué pour mater une rébellion dans sa ville de Gand vers 1539. Au Moyen-Age, le gué est protégé par un fort inclus dans un dispositif militaire comprenant les sites de La Marche, Tronsanges, Tracy sur Loire et le Nozet. Le fort situé sur le domaine de Mouron est remplacé par une forteresse au XIV° siècle. La circulation des hommes, des marchandises et la stratégie militaire ont donc donné une certaine importance à Mesves, la religion chrétienne va également s'y implanter. LA TRACE DES CONGREGATIONS RELIGIEUSES A MESVES Une église romane est bâtie au VI° siècle, très certainement, comme nous l'allons voir sur le site d'un lieu de culte gallo-romain. Elle est reconstruite au XI° siècle et dédiée à Saint Julien. Le seigneur du lieu, Rodolphe Dubois, la donne aux Bénédictins de La Charité sur Loire en 1089, elle est donc par conséquent placée sous l'autorité de l'abbaye de Cluny. Cependant, en 1107, un prieuré est fondé et placé par ordre du Pape Pascal II sous l'autorité des Augustins de Saint Satur. En 1155, l'évêque d'Auxerre confirme au prieuré de La Charité la propriété de l'église Saint Julien et donc le droit de percevoir la dîme, impôt versé aux autorités religieuses et correspondant au dixième des récoltes. Les deux ordres religieux sont souvent en désaccord à cause de cette source de revenus garantissant la richesse de la congrégation autorisée à la collecter. Finalement en 1208/1209, les religieux de La Charité décident de vendre leurs biens paroissiaux aux Augustins de Saint Satur à l'exception de l'église Saint Julien et des dîmes perçues sur les céréales, les vins, le lin, le chanvre et le millet. Les Augustins peuvent percevoir la dîme sur les laines. Servant de relais sur l'ancienne voie romaine reliant Nevers à Orléans, Mesves possède alors un gué permettant la traversée de la Loire, gué qu'emprunta Pépin le Bref. La paroisse, avec son église dédiée à Saint Julien, fut longtemps objet de tractations entre les bénédictins de La Charité et les augustins de Saint-Satur. Port actif à l’époque de la Loire navigable (au Chantier Blanc), Mesves fut durant le XXème siècle un important centre de minoterie avec ses deux moulins (moulin « d’en-haut » et moulin « de l’Echo »). |